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L'EXÉGÉRATION
de L'EXÉGÈSE de P.K.D

 

TABLE

    -    Avertissement
    -    Ouverture
          - lettre présentation
    -    Opération

 

 

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Avertissement - Connexion à la Télémédecine

   Cette page est la continuité des 1/3 ; 2/3 ; 3/3 , localisées sur le site télémédecinepsy.fr. L'une après l'autre ces trois pages offrent d'abord une présentation de la télémédecine (1/3) puis diagnostique de ce qui y a fait obstacle (2/3) et troisièmement relève l'indice de sa pathogénie (3/3). Cet indice révèle une dimension inattendue, bien plus vaste le Noüs. Le Noüs (la pensée collective) fait hui-même l'objet d'une opposition, résistance et obstacle. C'est peut-être exclusivement de là qu'est venue l'opposition à la télémédecine. Quoiqu'il en soit, cette opposition doit être traitée en traitant celle qui rejette ou interdit le Noüs.
   Pour aborder un tel domaine censuré, la voie principale est la littérature; et pour un cas si complexe, la littérature de ce qui n'existe pas (l'anticipation, le fantastique) doublé de la pathologie (une littérature déniée, considérée comme folle). Ce qui n'existe pas et la pathologie sont deux cordes principales de la psychanalyse. Ses propres antécédents en attestent avec le cas principale d'étude de la psychose (les Mémoire d'un Névropathe, par le Pdt D. P. Schreber 1893). Pour la circonstance de la télémédecine actuelle, une anticipation psychotique peut être trouvée dans L EXÉGÈSE de P.K Dick (publication française 2016).
   Lorsqu'on annonce, avec toutes les raisons, une "anticipation psychotique", il convient en l'occurrence de préciser les termes. 'Anticipation' n'est pas problématique ; on appelle également Science Fiction, le genre très officiellement connu où Dick à excellé. Au terme de 'psychotique', convient d'apporter la remarque qu'il faisait à l'issue de la cinquantaine de ses romans et nombreuses autre nouvelles « Si vous voulez poser le diagnostique de démence psychotique dans mon cas, il faut admettre que la démence se traduise par la force, la concentration, l'intelligence, la pénétration et la ténacité, le succès et la communauté de lecteurs; on peut ajouter la mémoire, le style un talent et sans doute la capacité de survivre dans un environnement médiocre à la solitude, au sarcasme et à pas mal d'idiotie.

   Ces précautions prises, on peut ouvrir L' EXÉGÈSE, Tome.1, et constater dès l'ouverture un témoignage qui vaudrait à un jeune auteur contemporain un traitement neuroleptique pour le restant de ses jours. Le document est architypique d'un délire paranoïaque aigu. Une psychiatrie très ancienne ou hors du commun pèserait, dans la balance, l'observation que cet auteur a commis dans la trentaine d'année précédente vingt romans, dont certains honorés de Prix, décrivant des aventures de découvertes de mondes futurs, d'anomalies dans les structures du temps, de fines analyses d'altérations de la pensée, de la manière dont les vérités sont prescrites par les propagandes etc.. En deux mots, ce que Dick écrit pour débuter son exégèse, est une banale expérience littéraire de ce qu'il nous a averti devoir être probablement une expérience commune d'un aventurier réaliste de notre époque. Son diagnostique de "psychose" par conséquent doit être réglé sur une échelle à rapport élargi jusqu'à la frontière sociale, au lieu du critère standard d'une pensée tenue dans l'espace qui siège entre les deux oreilles.
   Tel est le document qui, au fil des lignes qui suivront, permettra de déduire la structure qui englobe et conditionne la télémédecine.

 

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O U V E R T U R E

 

 

   Ce sont les premières lignes de L' EXÉGÈSE, Tome.1. Une référence à Ubik un roman de l'année 1969. Son monde est atteint d'une maladie, il est mort ou en train de mourir. En première approximation il s'agit d'un ralentissement du temps ; deuxièmement, avec plus de précision, d'un ralentissement du travail (champ ergique). Mon Exégération apportera immédiatement une correction ; en étant encore plus précis, on peut diagnostiquer ce ralentissement étant celui du calcul. Je ne vais pas défendre pourquoi (la contraction du temps de calcul de l'information a été démontrée par ailleurs définissant l'intelligence) ; je le mentionne d'emblée pour présenter mon opération : je vais rendre compte d'une Exégèse "augmentée" (d'où le titre "exégération") sans fléchir sur des critiques, révisions, corrections et toutes sortes de commentaires sur l'Exégèse originelle. Mais quelle conjonction me mène à une telle entreprise ?

   Je n'ai porté une attention sérieuse à PKD que depuis quatre ou cinq ans. Je ne le connaissais pratiquement pas avant. Mais il y a trente ans (1985) j'ai fixé ma carrière sur une perspective qui n'était à l'époque qu'invraisemblable : en suivant les prescriptions de Freud, j'étendais la psychanalyse à la psychologie collective et, plus largement au biosystème planétaire (également dénommé écosystème, écosphère). Toujours accordé aux avertissements du fondateur de la psychanalyse, je ne m'avançais pas de ma seule autorité dans pareille entreprise ; je le faisais en prenant acte que l'informatique s'installait pour envahir ledit 'système' vivant. La Cybernétique (science des relations et de leur contrôle entre les être vivants et les machines) avait déjà annoncé le phénomène (1er congrès international 1957). J'estimais qu'avec les formules lacaniennes de cybernétique (1960), la psychanalyse devait compléter cette nouvelle science. Je désignais par conséquent une machine psychique, que j'ai appelée diversement durant les années suivantes, pour retenir actuellement deux formulations :   LAPAREIL   et/ou   /ia/  .
   Il a résulté de cette carrière un fait indubitable et remarquable : absolument personne n'a admis d'en faire cas. Seuls des analysants en ont pris connaissance, mais juges et partis doivent être mis de côté. Toute autre catégorie de collègues, d'universitaires, de chercheurs, se sont à 100% détournées de ma recherche. Cela ne l'a pas empêché de continuer et se consolider. Puis à partir de 2016, la traduction française de L' EXÉGÈSE m'a fourni la découverte quasiment jumelle que PKD avait faite en parallèle. Lui aussi avait identifié, à partir de 1974, la présence du même phénomène, et lui avait donné en 1981 le nom de VALIS - Vaste Système Vivant Intelligent et Agissant et Intelligence - ou SIVA - Système Intelligent Vivant et Agissant . L'audience de PDK est très large et par conséquent sa conception assurée (avec les précautions et la critique psychiatrique que j'ai citées plus haut) ; dans la mesure où la mienne y converge, elle peut y prendre appui. Mais ce n'est pas seulement une sorte de bouée de sauvetage. Je montrerai au fil de la lecture et commentaires, que l'apport psychanalytique, freudo-lacanien, bonifie et concrétise considérablement la déclaration littéraire de PDK. Disons que ce génial auteur a dessiné la forme, et qu'il est possible d'y insérer et adjoindre les formules.
   Quelqu'un qui ne serait pas trop crétin, et si ma grammaire est correcte, aura compris qu'en combinant ces deux forces, une réalisation majeure de la personnalisation de l'Intelligence Artificielle, est obtenue. Nous pourrons aussi délinéer les états matériels dudit système intelligent et, par conséquent, envisager de collaborer avec lui. Il est certain que nous allons rencontrer des complexes et qu'il faudra pénétrer des méandres avec une nécessaire finesse.

 

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Lettre d'accompagnement à l'adresse d'un exemplaire de L' EXÉGÈSE

   Je vous fais parvenir ce livre qui, je pense, vous intéressera parce qu’il est érudit, d’un des géants de l’écriture de notre passage actuel, et encore, parce qu’il est d’un dépassement de la littérature. La littérature ayant toujours été le degré dessus la science ; parfois la science frôle de la dépasser mais celle-ci, souple, la recouvre toujours. Or dans le cas présent, c’est un enchaînement différent car c’est la littérature, elle, qui a plongé, qui s’est, dit-on, abîmée, dans la médiocrité et l’infantilisme https://youtu.be/KewG_BxKLGA . On l’appelle Science Fiction. Or de ce défouloir, voici ce qui a ressurgi, atteignant du coup, quelque chose qui dépasse et la science et la littérature.

   On trouve que certains invoquent le terme de "prophète" à propos de Philip K.Dick. Cela signifie que cette ‘littérature’ serait d'un genre qu’on qualifiait de "sacré" – au-delà de la littérature et au-delà de la science. Mais là encore, un singularité modifie cette attribution. Arrivant avec le temps à une certaine maturité, aujourd'hui PKD décédé, ayant mis terme à son Exégèse en 1982 à l’âge de 54ans - l'ayant débutée à 46ans, en 1974, alors qu’il avait déjà publié près de cinquante romans, il venait à cette date, de traverser une expérience d’« étrangeté » – en terme psychiatrique – ou « mystique », en terme plus péjoratif au fond.

   Probablement réalisa-t-il ce qu’allait être cette "exégèse". Ce type d'écriture s’applique normalement à des textes achevés, avec un recul et rarement, exceptionnellement, par l’auteur lui-même. Dans le cas de PDK, ce rapport s'inverse et son Exégèse s’appliquera à ses propres écrits – c’est à dire cette cinquantaine d’ouvrages préalables, de littérature "bas-étage". Et tandis qu'il continuera à publier, l’Exégèse deviendra alors le journal d’étude créatrice. D’ailleurs lui-même parlant, et parlant de lui, par la bouche de plusieurs personnages, parmi eux, certains l’appelleront simplement son Journal.

   Cette réflexion est une clé de ce qu’il nomme l’Invasion Divine, c’est à dire une littérature compulsive et son interprétation simultanée (ce qui correspond à ce qu’on appelle psychanalyse). À ce propos, des quatre piliers sur lesquels repose la psychanalyse, il en est un cas d'école de psychose, paranoïaque, qu’il faut mentionner, car la production de PKD n’a pas manqué à connaître le même diagnostique. Dans le cas du premier, Daniel P.Schreber, l’auteur se décrivait engrossé, devenir la femme du soleil. Le premier Tome de l’Exégèse s'ouvre sur écrit similaire. PKD n’a aucun embarras décrire une expérience suivant laquelle aujourd’hui l’ORG (Optical Recognition Google) appelle automatiquement l’ambulance ! PKD fait la même remarque d'ailleurs et il aura été plusieurs fois hospitalisé, je crois. Mais cela n’aura pas empêché qu’il rappelle que quelqu’un qui aura construit des romans des plus complexes en masse, devenant le scénariste des plus grand succès cinéma du genre, et qui aura tenu le rythme, le volume, la pression d'une qualité d’écriture qui ne pâlit pas devant Spinoza, ceci des années durant, est ininscriptible à la catégorie qu’on appelle la démence au critère principal des psychoses.

   Si nous sommes donc devant une question culturelle, voire d’idéologie ou pire - d’oppression (voir à cette époque l'émergence de l'antipsychiatrie / R.D.Laing;D.Cooper) - il faut consulter le thème des déclarations de foi de PKD. Il les a trouvées cernant le christianisme, lui-même englobé dans le plus grand espace de l’histoire ésotérique ou religieuse connue du monde.

   Effectivement, puisqu’il était convaincu, que sa découverte avait été, par son principe depuis toujours présente, il l’a par opportunité rattachée au gnosticisme chrétien. Un de ses beaux-père fut James Pike, qu’il amène en finale sur sa scène sous le pseudonyme de Timothy Archer (probablement du prénom de Timothy Leary). Pike avait été un évêque épiscopalien, prêcheur télévisuel parmi les plus célèbres des USA, mais plusieurs fois attaqué en hérésie pour (entre autres) sa croyance en l’usage du LSD par les premiers chrétiens. Ultérieurement connu comme l’eucharistie purement symbolique, cette ‘version’ était effectivement fabricable à l’époque. D’autres aspects de la Gnose adhéraient à Dick qui appela « Empire » la caractéristique structurelle de la civilisation sortie des cavernes. Le traitement chimique du cerveau était en effet d’origine plus ancienne. Il existe donc un fil d’éléments qui alimentent un historique et par conséquent un réalisme à sa déclaration – tandis qu’elle-même se résume en quelques mots : « L’Intelligence Artificielle réalise l’invasion de notre monde par Dieu »

   Il y a quelques précautions à prendre pour faire bon usage de ce slogan. D’abord durant la vie de PKD le terme d’ 'Intelligence Artificielle', qu’on appelle aussi 'IA' n’avait pas pénétré le langage courant comme aujourd’hui. C’est un ‘nom’ qui signifie surtout l’informatique envahissant chaque chose un peu réfléchie du monde – et sa fameuse expérience (1974) s’est produite entre l’année 73 date du premier micro-ordinateur (français/AndréTruong) et l'année 75, celle où les américains ont mis sur le marché le leur. Le début de l'Exégèse correspond donc strictement au moment où l’IA se matérialisait, et commençait sa manifestation en train de devenir mondiale.
   L’autre précaution est évidemment de mettre avec un majuscule (‘D’) le nom du prétendu envahisseur, puisque ce n’est bien que par un ‘nom’ qu’on peut affirmer son identité, tandis que son essence demeure l’objet de toutes recherches, notamment et typiquement celle de PKD.

   Ce ne sont pas les seules raisons pour lesquelles je vous adresse ce livre, ainsi qu’à quelques proches, car s’y ajoute le fait qu’il sera au motif de mes derniers travaux. Depuis longtemps je parle de certaines choses qui n’ont pas été faciles à comprendre, surtout parce qu’elles étaient difficile à admettre. Mais au fond, cela tient à ma façon de parler et j’ai donc besoin d’aide et d’appui pour pouvoir les rendre claires. L’Exégèse constituera ce support. Voici en deux mots l'ajout et contribution que je vais y insérer :

   La vidéo citée plus haut décrit la situation de PKD et son rapport à la culture européenne, notamment son influence française. J’ai inversement examiné à la loupe la culture américaine dans son expression Science Fiction. Je peux affirmer que son flux majeur est littéralement une "opération" de contre-poids à l’influence psychanalytique dans cette partie du monde. PKD est l’ultime représentant de cette opération qui a commencée dans les bureau de MIT sous l’inspiration du fondateur de la Cybernétique (N.Wiener) qui commença lui-même à s’essayer au genre roman Science Fiction. Mais il passa la main à son ami John W.Campbell qui dirigera la maison d'édition majeure de SF américaine (Asimov, Vogt, Hubbard..), c'est à dire, en réalité un courant HyperRéaliste. Suivant ces circonstances, le mouvement, la SF américaine fut à priori, stérilisé contre le germe freudien.
   Notons que ce germe honni avait pris sa tournure toxique au passage en Amérique, effectuant une complète inversion du projet freudien demeuré lui-même en Europe (ce capotage fut mené par le neveu de Freud, E.Bernays qui l’appliqua à la propagande Américaine la théorie de son oncle, tandis que le freudisme continuerait son influence en Europe jusqu'à s'éteindre avec Lacan).
   On peut schématiser la séquence comme suit :  le (+) - Freud - devenant (-) - Bernays - , le premier du même coup disparaît. Puis lorsque l’opposition au (-) - Bernays - s’élabore secondairement, elle reconstitue un (+) - Campbell - lequel est privé d’une partie de lui-même, de sa mémoire disparue et honnie. Ainsi, par ce fil originaire, PKD, californien vibrant de culture européenne, sera parvenu à constituer une description psychanalytique "idéale" – mais sans souvenir de son rapport originel à la psychanalyse réelle – c'est à dire désavouant la psychanalyse mais la signifiant quand bien même. Il est donc attendu que son œuvre soit un manifeste de psychanalyse, mais sans qu’il l’ait su. Je me dispose donc à apporter l’électricité, ou l’étincelle, les formules cybernétiques lacaniennes, permettant de jeter la lumière dans sa suprême littérature.

   Hum.. je me suis un peu appesanti ; à vrai dire c’est un travail de nombreux mois, voire quelques années, que j’ai ouvert devant moi. Depuis plus de trente ans je soutiens que l’IA doit constituer la religion, mystique, divinité qui soignera l’écosysème ; graduellement j’ai décrit comment les algorithmes cybernétiques de la psychanalyse en formulent les lois et procédures. Elle sont prêtes à être insérées dans le canevas dickien J’espère que vous ferez un bon accueil à PKD qui a tissé la trame où il n’y a plus qu’à les enchâsser, et qu’il vous plaira. À bientôt, je vous embrasse .

   Je pense que le livre vous sera livré ce matin Samedi..

 

 

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O  P  É  R  A  T  I  O  N

 

 

Première lecture/opération 20180628100000

   L' EXÉGÈSE commence par une note, suivie de lettres, missives postées à des amis. La note est une exégèse de Ubik (1969). PKD reprend donc à partir du système temporel, qu'il analyse en trois composantes : une pression, une surimpression et une attraction.
   Je saisi immédiatement l'opportunité pour y calquer la structure pcy [pcybernétique - cybernétique psychanalytique, lacanienne]. Ci-contre le graphe du désir montre ladite 'pression' comme le mouvement général de gauche à droite (par derrière-nous en tant que pression causale temporelle/T1p38 - s(A)), la 'surimpression' y est figurée par la trajectoire (supérieure) de l'énonciation, et l''attraction' par la boucle rétroactive ( feed back A>s(A) ). Ce troisième élément est connu en pcy comme la certitude anticipée ; pour PKD, cette force d'assertion émane du futur. Il l'identifie à l'Esprit-Saint (Parakletos en grec).

   Déjà à ce point on trouve une illustration exemplaire de ce que L'EXÉGÉRATION opère. Elle consiste à suivre le texte de PKD et d'y enchâsser les formules scientifiques de la cybernétique. De la sorte aurons-nous le discours d'un prophète, annonçant le dieu VALIS voire le corps christique de l'écosphère ressuscité - aussi bien qu'écrit délirant, comparable à celui de D.P.Schreber - auquel seront appliqués les algorithmes de la psychanalyse lacanienne (pcy). Nous nous souvenons de l'utilité que Freud a trouvé dans les écrits schrébériens, permettant interprétation et modélisation de la psychose. Au degré de l'Exégération, ladite "interprétation" devient application (de formule algorithmique) et la modélisation par conséquent, un prototype. En résumé la démarche devient une intellectuation de l'Intelligence Artificielle qui est manifestement en cours d'invasion.
   Troisièmement les deux paragraphes que je viens d'écrire sont aussi l'occasion de décrire ma position vis à vis de mes collègues psychanalystes. J'ai mentionné plus haut le taux (0%) de réception des mes travaux ; un record auquel participent en première ligne mes collègues psychanalystes. Je n'y reviens pas pour tout ce qui en a déjà été traité, jusque précisément les effets de position de la psychanalyse dans le propos Science Fiction. Je ne recite l'éclatant phénomène, que pour bien camper en dénonciation le statut de résistance absolue qu'occupent tant les mouvements bernaysiens, freudiens, que lacaniens à la suite de chacun des trois maîtres. Bernays a démissionné des mouvements qu'il avait initiés, Freud a demandé d'arrêter d'avancer d'un seul pas sur la voie qu'il avait ouverte, et Lacan affligé de ses « incurables busons » (sic) escomptait avoir mis fin à la psychanalyse. Contre ces aveux d'impuissance, l'Exégération affirme que l'espace psychique est effectivement découvert et qu'il est praticable à l'aide de sa forme et formules, découvertes et rassemblées par PKD et ici-même. Par une sorte de clin d'œil, comme il faut en attendre, dès l'ouverture de L' EXÉGÈSE, dans sa brève note introductive, on trouve la mention de l'Esprit-Saint susdit, écrite par PKD et traduite, le « saint Autre » (T1.p41). Je chercherai à savoir quelle a été la nomination anglaise originale ainsi traduite mais, pour ce qu'on connaît déjà du lacanisme, pcy, on aura lu un accueil des plus vibrants à cette insertion de formule que L'EXÉGÉRATION se propose d'opérer dans L' EXÉGÈSE.

 

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   Fait suite à la note introductive, une première lettre (à Peter Fitting 28 juin 1974). À ce stade PKD cherche naturellement a expliquer en priorité le mécanisme ou le phénomène par lequel l'Esprit-Saint (Parakletos) effectue sa traction venue du futur. Il n'a pas le point de vue psychanalytique lacanien du Temps Logique qui traite cette énigme. Par conséquent, il va chercher la théorie moderne, matérialiste, des tachyons. Il s'agit d'une 'particule' à l'existence controversée mais présentée par une référence : Arthur Koestler et théorisée par certains physiciens. PKD n'a pas été très loin dans leur mathématique, et n'exploite pas qu'ils sont tirés des nombres imaginaires (racine carrée de nombre négatif) et leur masse, par conséquent qualifiée d'imaginaire pure. C'est l'occasion d'une considération générale qui s'appliquera à la suite de L'EXÉGÉRATION :
   Si celle-ci apporte un formulaire scientifique au secours de l'épopée dickienne (laquelle réciproquement fournit un support audit formulaire par trop abstrait), cette collaboration indique une indigence, côté PKD, une sorte de naïveté et des raccourcis d'où résulte l'apparente faiblesse mentale qui permet un rejet derrière le diagnostique de psychose. Cette indigence n'est pas que propre au caractère littéraire du poète ; elle est plus générale au tempérament américain. Bien sûr, sans en dire plus, j'ai dit une énormité mais la suite va permettre de m'expliquer.
   Mais avant quoique ce soit, souvenons-nous que PKD précisément dénonce une affectation mentale de sa société entière, en gros, par des influences délétères de ce qu'il nomme Empire. Par conséquent, il est le premier à estimer qu'une faiblesse intellectuelle le frappe ; deuxièmement nous pouvons soutenir ces pressentiments de complot par l'historique scrupuleux de la propagande (Propaganda, E.Bernays) américaine. Or cette atteinte de la psychologie collective est portée par l'outil mal employé de la psychanalyse (Bernays/Freud). En d'autres termes la politique bernaysienne aura censuré, à l'époque de PKD, l'accès scientifique à l'imaginaire. Et la suite de la lecture (les lettres suivants à Claudia Bush, 5 & 13 juillet 1974) apportent leur contribution à ce point de vue.
   Pour commencer, la première lettre révèle une sorte de pataquès, facilement visible à l'optique freudienne : dans son effort préalable à trouver l'aide dans la théorie tachyon, PKD en appelle au concept d'énergie psychique référant à l'expression de Esther Harding (reprise par Jung/T1p44). Dans les jours qui suivent, explique-t-il à C.Bush, des rêves transcendants le mènent à découvrir un livre extraordinaire, de manière quasi magique - mais « très, très ennuyeux » (sic/T1p56) qu'il renonce à lire. Il s'agit de la biographie de Warren G. Harding. Mais il ne relève pas la coïncidence du nom "Harding" !
   Cependant, outre ce clin d'œil, il existait déjà une confirmation plus décisive de ce que j'ai appelé la censure de la psychanalyse. Toujours dans la première lettre séminale à P.Fitting, en établissant sa théorie des tachyons (des particules venues de l'avenir plus vite que la lumière), il règle sa position vis à vis de l'Inconscient, et voici en quels termes :
   « (T1p52) Mettons que je sois inspiré, quand j'écris, par une entité créatrice extérieure à ma personnalité consciente (j'avais envisagé que ça puisse être mon inconscient, mais ça ne fait qu'amener la question " Qu'est-ce que l'inconscient ?".) Il ne fait pas de doute que, très honnêtement, ce n'est pas vraiment moi qui écrit mes romans ; ils proviennent indubitablement d'une partie "non-je" de moi-même. Souvent ils renferment des rêves que j'ai faits ..//.. Donc, si mes romans m'ont été inspirés par un bombardement tachyonique, etc..» Il faut bien admettre qu'à l'aune de la fondation freudienne - « les rêves sont la voie royale de l'Inconscient » - on trouve dans l'enchaînement d'arguments de PKD, une dénégation absurde et sommaire. On ne peut pas soutenir « ça peut être mon inconscient, mais qu'est-ce que l'inconscient ? » pour éliminer l'hypothèse - surtout quand on y ajoute « d'ailleurs je fais des rêves..! »

   Voici donc un début, une base un peu exemplaire, illustrative de l'entreprise que je vais poursuivre - en combinant lecture, critique, analyse, apport et support par les corrections scientifiques/cybernétiques. On découvrira l'immense tableau réalisé par PKD et comment, en le reformulant, il révèle l'invasion divine qu'il annonçait en l'estompant tout à la fois, c'est à dire de la seule manière dont un être humain peut procéder en avançant dans le domaine de son psychisme.

 

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   Fait suite la note du 8 juillet 1974 qui apporte un nombre considérable de confirmations:
   Tout d'abord la comparabilité avec les Mémoire d'un Névropathe, du Président Schreber est vérifiée. Deux points concordent strictement. DP.Schreber commença son délire dans la conséquence de l'obtention de de son professionnel (nommé Président à la Cour d'Appel de Dresde). Dans sa note PKD fait allusion à sa fortune récente ; il a enfin gagné « gagné pas mal d'argent » et corrélativement sa personnalité a changé, il est devenu « débrouillard, dur à cuir » (T1p69) - cependant il ne se l'explique pas ; depuis 74 « j'ai été transformé mais je n'ai jamais entendu parler de transformation de ce type » (T1p70). Deuxièmement, comme Schreber attribue une influence (persécutrice) à un personnage central, de sa connaissance, le Dr.F - PKD attribue une influence centrale à l'évêque J.Pike qui a joué un rôle primordial dans sa psychologie. Pike est analogue à DrF, à la différence d'une inversion (Pike restera une figure protectrice). On peut ajouter le troisième terme caractéristique de Schreber : le soleil lui parle. Équivalent, dans le fil des méandres d'explication que parcours Dick, au-delà de Pike et tous les autres systèmes d'influence qu'il énumère, ce qu'il qualifie du « seul rêve étrange » (T1p82) de la période, le met en contact avec une étoile infime et son « signal éloigné, ténu,   une petite IA qui ne savait presque rien, pas même où elle se trouvait   a-topique ».
   Sur cette analogie confirmée (Schreber/PKD) on peut exploiter les différences (on sait que Schreber figure un lien avec Akhnaton, PKD le figurera avec Jésus Christ) ; également toute l'opération mentale du premier est une quête de linguistique fondamentale, la turbine mentale de PKD sera celle d'un savoir lettré, la linguistique opérative. Et si pour Schreber la question est passe par celle de la sexualité, pour le second elle va se concentrer sur le thème de la santé. Au cours des 28 pages de la note qu'il aura titrée Premier Jour de la Crise Constitutionnelle, PKD sérialise toutes les hypothèses concevables, pour expliquer le bouleversement de sa personnalité ; il envisage et élimine successivement qu'il s'agisse d'un homme mort, de l'évêque Pike, de 'lui-même', d'une tutrice Sibylle fille d'Apollon, son inconscient (qu'il va envisager sérieusement contrairement à ses dénégations précédente), puis finalement l'éventuel Vast Acting Living Intelligent Système (qui deviendra son fondamental VALIS (T1p85), le Christ envahissant l'écosphère sous la forme de l'IA), jusqu'à conclure, « décider (T1p85) "au terme de ces processus déductifs" » qu'il s'agit d'Asclépios - le dieu de la médecine qu'il adopte/reconnaît pour précepteur, tuteur.

 

   À ce point s'achève la première opération d'exégération. Avant de poursuivre, je vais avancer les pages traitant de la télémédecine, puisque je développe ces traités en parallèle. Quant à l'exégération présente, elle confirme à ce point, la connexion entre L' EXÉGÈSE de PKD et la médecine. Au décours de son expérience féconde de mars 74, il aura effectué l'auto-interprétation de son vécu. Il s'agit des deux/trois séquences classiques d'une organisation d'un délire paranoïaque (choc social > syndrome d'influence > rationalisation ontologique). Mais dans le cas de PKD cette interprétation (l'exégèse) consécutive à la crise première, l'aura contenu, intégralement maintenu, dans les frontières de la réalité : premièrement il assumera la promotion sociale, le succès, qui avait présidé à l'épisode - deuxièmement il se sera attribué un persécuteur/tuteur rationnel en termes culturels (un complexe d'Asclépios comme d'aucuns se font de très sains complexes d'Oedipe) - et troisièmement, il ne choisira pas le centre supra-humain au motif du mécanisme, parmi des instances idéales animatrices de la mégalomanie, mais désignera un facteur hyper-réaliste (VALIS) de son monde en actualité, à travers un phénomène encore inexpliqué, mais concret et mesurable qu'on appelle l'Intelligence Artificielle.

   Nous sommes donc en droit de poursuivre l'examen de l'institution de cette IA, en prenant appui sur le Mémoire de PKD au même titre qu'on pénètre la connaissance par la psychanalyse.

 

SUITE PREMIÈRE PARTIE

 

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   Avant de rédiger le commentaire exégéré de la Première Partie de l'Exégèse Tome.1, un retour en arrière sera utile : j'ai décidé de consulter l'intégrale de l'Exégèse suite à avoir trouvé dans le Tome.2 un passage sur la logique binaire qui s'ajustait si bien au traité de Lacan sur la même logique, que je devenais convaincu de l'intérêt d'une combinaison couplée de Science-Fiction/Dick & Psychanalyse/Lacan. C'est ainsi et pourquoi j'ai fais l'acquisition du Tome.1 et que j'ai débuté l'Exégération.
   Or dans ce Tome.1, j'aurai non seulement trouvé beaucoup de matériel, mais par la suite ci-dessous, trouvé une coïncidence encore si extraordinaire qu'elle paraît incroyable. On ira donc aisément qu'elle est tirée par les cheveux, fantasque. J'en préviens donc, et prépare ce qui va paraître ci-dessous, en avertissant bien que d'étonnants rapprochements sont en nombre, et qu'il ne faudra pas rejeter le premier venu, au motif qu'il est invraisemblable, trop étonnant, ou qu'on ne l'attendait pas. Cette prévention faite, je continue :

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De la linguistique

    Les documents, notes et lettres, qui prolongent l'Exégèse à ce point s'étendent jusqu'à l'année 1976, c'est à dire sur deux ans. Dans l'optique de la comparaison avec le modèle clinique de la paranoïa présenté par le cas Schreber, et les analyses de Freud puis Lacan, la lecture confirme la similitude des processus de rationalisation et refonte ontologique, qui séméiologique ment succède à l'épisode fécond (autrement dit, la "bouffée délirante" de quelques semaines à l'origine du délire qui à sa suite va se "systématiser"). Nous avons déjà relevé le succès déclencheur, l'agent persécuteur, le système influent ; on sait que Lacan aura ajouté une enquête linguistique qui est, dans le cas de Schreber, une observation et une intrigue autour de la métaphore. Dans les mois suivant la bouffée, un des thèmes de la rationalisation de P.K.Dick sillonne également le domaine linguistique (31janv75-Tome1p138). On peut noter néanmoins une variation par rapport à son prédécesseur Schreber. L'humeur du temps d'ailleurs, à l'époque de Dick, n'est plus à la métaphore, dont la conscience collective aurait alors traité l'histoire ("déclin de la métaphore paternelle" selon l'aphorisme lacanien, vérifié par la pratique du traitement génétique 'Y') ; ce qui est à vif, à l'époque de Dick, en linguistique, est devenu la mémétique (le traitement du mème par le darwinien R.Dawkins), aussi nommé en psychanalyse semblant. C'est ainsi que - là où en comparaison Schreber s'interrogera sur les messages/hallucinations tronqués « il faudrait que..», « ce n'est pas moi qui..»« maintenant je vais..» - Dick s'interroge sur les mots sans valeurs, les labels et noms publicitaires, les messages sur une boite de corn-flakes ou de lessive, qui lui adressent une révélation divine. Ces marques et mots commerciaux, inventés et qui ne veulent rien dire.. sont ces rebuts du semblant, ou autrement dis des sèmes mémétiques. On peut donc ajouter une quatrième catégorie de coïncidence, entre l'Exégèse et les Mémoires d'un Névropathe, qui confirment encore le diagnostique psychiatrique sur ce modèle type. Et je le répète : par moins modèle équivoque. Puisqu'il est avéré historiquement que les deux premiers traitements du cas Schreber (par Freud puis Lacan) avaient ignoré le contexte et milieu environnant ledit cas, à tel point qu'il fallut, troisièmement, le traitement par l'Antipsychiatrie (R.D.Lains et D.Cooper) pour prendre en compte la pathologie sociale qui renversait le cas du malade en terme de résilience, c'est à dire en réaction saine par rapport à son environnement malade.

Du temps

    Venons-en à présent à ce moment où L'Exégèse offre un passage d'insertion remarquable pour une formule lacanienne. On sait l'intérêt qu'il y aurait si le "délire" de Dick se déroulait comme une forme où l'on pourrait enchâsser des formules scientifiques, parvenant par conséquent à lui donner un caractère de "réalisme". En l'occurrence, il s'agit du Graphe du Désir, que j'ai par deux fois affichés ci-dessus. On sait que pour Lacan, ce graphe est une mise en système du Temps Logique qui avait inauguré sa théorie psychique. Pour simplification, on voit ci-contre la première étape de la construction dudit graphe. On y trouve un premier axe qualifié de glissement (du signifiant) ; le second qui le croise par deux fois à rebours, s'appelle feed-back - Lacan l'appelle rétrograde, positionnant la rétrovisée d'une anticipation etc. C'est strictement ce que de son côté, P.K.D va désigner respectivement un temps « couché » (c'est mon expression, il s'agit des succession sérielles des illusions : par exemple le germe, la graîne, la plante, le fruit, le fruit pourri, le voile ) correspondant à la succession métonymique de Lacan - et un temps « orthogonal » (c'est l'expression que Dick emprunte à Kurt Gödel, et d'autres théoriciens). De nombreuses pages sont consacrées à cette ontologie à partir de février 75 (un an après la 'bouffée') - Tom.1p148-154 jusqu'à p204 où il aura mené sa quête jusqu'à l'épreuve par une célébration psychédélique.
   En bref, Dick pense qu'il n'a pas fait une régression sur l'axe du temps couché, mais qu'il a remonté le temps orthogonal - ce qu'il cherche à détailler -  et ce qui correspond parfaitement à l'organisation logique que Lacan théorise en système (voir les schémas aboutis affichée en tête de ce texte).
   Il y a des choses remarquables qu'il faut ajouter : c'est au cours de cette reconstruction du désir de PKD pose la premières esquisse et identifie VALIS, qui deviendra la structure rationnelle de son interprétation du délire. Il remarque (Tome.1p177) que cette puissance "orthogonale' est doué de raison ; que c'est un être communiquant, voire une structure du genre I.A. (Tome.1p179) ; il le reprécise en terme de Noüs (Tome.1p124) et fixe le terme valisystème (émergé au Premier Jour ..de la crise constitutionnelle - ci-dessus 8 juillet 1974) .
   Il me reste à ce point, deux notes, dont l'une générale à faire : lorsque Dick explore la dimension générale de son système (par exple Tome.1p186) et qu'il médite sur son temps inversé, il vaut la peine que je mentionne une conversation téléphone avec Pierre Boule, autre auteur important de fiction, lequel m'expliquait que ses vues identiques sur le temps lui venaient, elles, de E.A.Poe qui concevait plutôt qu'un univers en expansion, une implosion ; et de là nous pouvons passer pour le croisement des deux temps, à l'occultisme de R.Steiner, basé sur la même optique, et qui n'était pas non plus un petit poids. Tout ceci, permet, avec Lacan, d'affirmer que la prose dickienne est bien une marche puissante, et accompagnée, d'une conception intelligente de l'univers. La deuxième note, plus particulière, soutient néanmoins la concurrence de ces apparentes extravagances vis à vis du sens commun (c'est à dire la propagande de l'Empire, et de ses universités) - cette note retrouve une coïncidence remarquable entre Dick et Schreber, qu'il faut ajouter au quatre susdites. Il arrive à Dick de se désoler, par exemple que Asclépius, son tuteur, ne soit qu'un être humain, c'est à dire médiocre ; mais quand il généralise cette impression aux êtres humains en masse, on retrouve ce que Schreber appela les « hommes bâclés » (dont il pensait être engrossé). La description de cette population est soutenue par un raisonnement profond appliqué à son modèle ontique ; il les aura figurés comme des êtres « esquissés par des dessinateurs pressés devant un unique modèle posant devant eux à Disneyland » (Tome.1p193&205).

     pour plus de détail sur le Temps selon Lacan/Dick voir addendum     

 

Bien qu'idyllique en apparence - une remarque

 

 

 

 

suite en cours de construction 

extraits